- 25 avril 2024 -


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Rando légère dans le froid

Jusqu’à présent, j’ai fait quelques expés avec un ou deux amis au Spitzberg et au Groenland en autonomie totale pour des durées de l’ordre d’un mois.

Pour cela, nous tirions chacun notre "pulka" dans laquelle se trouvait tout notre équipement. Bien qu’on essayait de faire léger, au départ, on se retrouvait avec 80 à 85 kg de chargement. Ce n’est pas franchement ce que l’on peut appeler léger.

Pour autant que c’était super (je recommencerais bien), faut avouer que c’est un peu bourrin !

Mon but, pour l’instant et je ne sais pas encore si je l’atteindrai, est de pouvoir faire un trek de 5 jours en autonomie dans le froid avec un maximum de 12 kg sur le dos (par exemple : plateau du Vercors ou Jura). Ce poids comprend :

Le reste, c’est à dire les vêtements de trekking, les chaussures, les skis ou les raquettes et les bâtons ne sont pas comptés.

Le couchage

Lors de randonnées en été dans les Pyrénées, je me suis équipé en plus léger. J’ai notamment acheté un duvet (WARM’N LIGHT 800 LAFUMA) qui est dit aller jusqu’à 0 °C et pèse 850 g et un matelas auto gonflable ( PROLITE 3 REGULAR THERM-A-REST) à 580 g.

Pourquoi ne pas utiliser ces équipements par grand froid : -15°C, voire -25°C !! Mais comment ? L’idée suivante m’est alors venue : Le soir, sous la tente, je vais me mettre un vêtement chaud. Et bien utilisons-le aussi pour dormir. Je garderai donc cet habit dans mon duvet léger.

C’est quoi cet habit ? C’est un genre de doudoune, mais qui va de la tête au pieds. Pour l’aspect pratique, je vais le réaliser en quatre parties qui s’attacheront l’une à l’autre par une fermeture éclair :

Chaque partie doit être chaude et respirante ; mais comme c’est uniquement pour être dans la tente, ça n’a pas besoin d’être coupe-vent, ni imperméable, ni un vêtement conçu pour faire des efforts (évacuer la transpiration). Par contre, il faut que ce soit léger. Compte-tenu de ce que j’ai pu trouver dans le commerce, chaque partie est constituée de :

Une fois les patrons dessinés, les tissus et la ouate taillés, collés, assemblés et cousus, j’arrive à :

NOTA  : pour la réalisation des parties comportant de la ouate, la patron de la coupe extérieure doit prendre en compte l’effet d’épaisseur de la ouate (on va prendre 1 cm). Ainsi pour une jambe, si le tour de jambe fait 40 cm à un certain endroit, le patron intérieur fait 40 cm alors que le patron extérieur fait 40 + 2*Pi *1 = 46 cm.
Les bottines étant faites pour aller dans le duvet, elles n’ont pas de semelles rigides. J’ai donc réalisé des sur bottes légères mais étanches pour pouvoir marcher dans la neige (sortir autour de la tente seulement). Elles sont constituées de :

Chaque sur botte : 120 g.

NOTA  : Pour tous les éléments que j’ai fabriqués, j’ai utilisé de la fermeture éclair vendue au mètre. J’en ai trouvé de la fine et de la moyenne. A la vente, elle est équipée d’une glissière tous les 50 cm. Avec ce type de fermeture, j’ai réalisé :

Allez, des images.

La capuche est fixée à la veste à l’aide de "velcro".
La veste et le pantalon sont reliés par une fermeture éclair dissociable.
Les chaussons sont reliés au pantalon par des fermetures dissociables.
Ici, j’ai mis les sur bottes sur les chaussons pour aller marcher dans la neige. Là, je fais la tête !


La capuche détachée de la veste Un chausson, une sur botte ...



La tente
Cette tente, pour une personne, doit être légère mais doit aussi résister aux chutes de neige et à des vents assez violents : ce ne peut être qu’une simple bâche. J’ai déjà construit des tentes, notamment une "tunnel" qui m’a servi 5 fois au Spitzberg. J’ai un gros penchant pour les tentes dites "auto-porteuses". Je crois que c’est comme cela qu’on appelle celles dont la forme est donnée par l’extension des arceaux. La structure retenue est la suivante :

au milieu : un colonne vertébrale composée de 3 arceaux.
Tous les 11 arceaux sont identiques et ont la même longueur : 50 cm. Ils sont placés à l’extérieur de la tente pour éviter que la condensation et le regel ne les bloque entre eux. Deux petites pièces en aluminium servent à réaliser les angulations entre les arceaux. Une boucle de tissu à chaque angle de la tente permet de la fixer au sol à l’aide de 4 piquets en plastique.

La tente en elle même est un sac. Les côtés et le tapis de sol sont reliés ensemble. Il n’y a pas de tente intérieure. Deux volets d’aération sont disposés chacun à une extrémité de la tente. Toutes les coutures ont été étanchéifiées avec une colle spéciale.

La forme intérieure au sol est un trapèze dont le petit côté mesure 50 cm, le grand côté 100 cm et la longueur 235 cm. La hauteur max interne est de 90 cm ; je tiens assis sans rien toucher à l’endroit le plus spacieux.

Combien ça pèse ?

la tente et les deux pièces en alu : 950 g,
les 11 arceaux : 250 g,
les 4 piquets : 120 g.

Donc un ensemble de 1320 g. Je pensais trouver de la toile de tente plus légère que elle utilisée (90 g / m²).

A quoi ça ressemble tout ça ?

La porte encadrée des ses 2 fois 3 arceaux Les deux arceaux en V au pied de la tente


Une idée du volume interne avec le matelas auto gonflable. La pièce de liaison entre les arceaux encadrant la porte et la colonne vertébrale. Trois liaisons de type femelle. La pièce de liaison entre les deux arceaux de pied et la colonne vertébrale. Deux liaisons femelles et une mâle.


Le matériel de cuisine

Un réchaud (290 g + 200 g pour le réservoir à essence) avec planchette (180 g), une bouilloire (230 g), une bouteille thermos 0,5 litre (370 g), un bol avec couvercle (70 g), une cuillère et un couteau (100 g).

Pour le réchaud, j’ai pensé prendre un système à alcool, très léger. Mais en intégrant les contraintes d’utilisation : préchauffage, re remplissage fréquent, et par ailleurs mon expérience dans le grand froid, je suis tout de suite retourné au réchaud à essence qui est d’un usage beaucoup plus rudimentaire même quand le vent souffle fort et qu’on tremble comme une feuille. J’ai donc racheté un petit MSR qui, tout compte fait, n’est pas lourd. Je n’ai pas pu tester sa consommation dans le Vercors. Je pars sur la base habituelle d’un quart de litre par jour et par personne.

Pour le Spitzberg, j’avais construit une tente spacieuse et je faisais la bouffe à l’intérieur ; mise en route du réchaud avec une flamme de un mètre de haut sans inconvénient ! Euh là, faut que je l’allume à l’extérieur. Dans la douce chaleur de mon jardin, je l’ai ensuite placé dans la tente pour faire chauffer un litre d’eau ... Bon, j’ai vite compris que l’espace exigu que j’ai ici me forcera à tout faire dehors. J’utiliserai le petit pare-vent en aluminium. J’utilise un petit cadre en bois avec un fond en carton gaufré (dont les surfaces sont recouvertes de scotch pour ne pas que ça prenne l’eau) pour poser le réchaud. Il faut absolument du ru-di-men-taire.

Une petite bouilloire de 1,4 litres. Je verse l’excédent d’eau dans la thermos pour la suite du repas.

Un bol léger avec couvercle type "tupperware". C’est très pratique pour les aliments lyophilisés. En les versant dans le bol, on voit aisément le niveau d’eau qu’il faut y ajouter. Le couvercle permettant de garder la chaleur pendant la ré hydratation. C’est aussi beaucoup plus pratique pour les manger. La vaisselle : on verse dans le bol quelques 5 cl d’eau chaude, on ferme le couvercle et on le tient bien sinon il part tout seul avec le dégazage de l’eau, on secoue bien, on ouvre et on jette l’eau : le bol est propre ; bon pour la suite.

La bouffe

Voici le tableau récapitulatif de la nourriture que j’emporte pour 5 jours de randonnée dans le froid (pas extrême).

2600 kcl / jour et les rapport glucide/lipide/protéine indiqués sont dans une bonne fourchette pour une activité de marche dans le froid. Par contre, les apports en fibre en vitamines n’ont pas été détaillés pour ces rations. Cela ne porte pas trop à conséquence étant donné la faible durée du séjour. L’eau de vie, c’est pour le fun , le soir, après s’être mis dans le duvet et ne plus avoir à affronter le froid.
En vrai, mon paquet de nourriture basé sur le tableau ci-dessous pèse 3500 g. C’est pas trop mal.


 

Le sac à dos

Après avoir tout réalisé, j’ai fait une estimation du volume que tout cela allait prendre (j’avais environ 50 litres en tête), et bien j’en suis arrivé à 48 litres ! Va pour un sac à dos de 48 litres. Pour faire léger, il faut faire simple, j’ai fait un volume rectangulaire de 30 cm de large, 64 cm de haut et 25 cm de profondeur avec deux compartiments. Celui du dessous mesure 25 cm de haut. Les deux compartiments sont reliés par un trou latéral par lequel passent mes arceaux de tente (50 cm de haut). Chacun des deux compartiments s’ouvre latéralement. J’ai rajouté une poche de dos pour mettre des cartes et quelques fouillis et, super luxe, une petite pochette sue la ceinture ventrale pour mettre mon GPS. Bonjour les exploits de couture.

Le sac en lui même est réalisé avec du tapis de sol léger (90 g / m²) en double épaisseur. J’ai mis face à face les côtés enduction et j’ai repassé avec réglage sur "soie". De cette manière, les enductions se sont légèrement collées l’une sur l’autre. J’ai alors un tissu de 180 g / m², résistant et étanche.

Pour le matelassage de la ceinture et des bretelles ainsi que la rigidification de toute la surface dorsale du sac, j’ai utilisé un matelas de sol en mousse à 270 g / m².

Le sac au grand complet pèse 600g. Les photos :

Vue de côté, on voit les fermetures latérales pour les parties supérieures et inférieures ainsi que la pochette dorsale. Vue côté ceinture et bretelles. Il est plein. La pochette pour le GPS. Bientôt, je me lance dans la haute couture !


Le bilan

Bon, ben on va tout additionner :

Désignation Poids (g)
Sac à dos 600
Tente 1320
Ensemble 1960
Sac de couchage 850
Matelas auto gonflable 580
Matériel cuisine 1440
Essence 1200
Nourriture 3500
Orientation (2 cartes, boussole, GPS) 400
Divers (rechange, piles, frontale, PQ, cordelette) 570
TOTAL 12490


Bon, on est pas trop loin des 12 kg que je m’étais fixés —> tamponné —> validé —> y a plus qu’à.

Mise en application, le vécu


Pour tester tout mon équipement, je suis allé bivouaquer 4 jours pleins sur le plateau sud du Vercors ; du 13 au 17 février 2008. J’étais avec un couple d’amis qui n’avaient pas de matériel spécialement légers et à qui j’avais prêté ma pulka. Mon ami tirait la pulka qui pesait au total 38 kg et son épouse portait un sac à dos de l’ordre de 5 à 6 kg. Mon équipement complet faisait 12,5 kg.

Les conditions météo

La météo a été constante sur cette durée à l’exception du dernier jour qui a été nuageux et plus venté, autrement : grand ciel bleu et température clémente à chaude dans la journée et nuits fraiches à froides ; de lordre de -10 °C vers 10 h du soir, de -13 °C à -16 °C pour la partie la plus froide de la nuit et entre -10 °C et -12 °C avant que le soleil ne se lève. Le vent était pratiquement nul ou bien seule une petite brise soufflait.

La tente

Quand j’étais dans la tente avec la porte au 3/4 fermée (pour améliorer la circulation d’air bien qu’elle comporte deux ouvertures), la température y était environ 2 à 3 °C supérieure à celle extérieure. Son volume et dimensions sont correctes pour y dormir à l’aise, c’est-à-dire sans que le duvet ne touche les parois car, au petit matin, la condensation y était très élevée.

Tente avec givre On voit que le givre s’est déposé principalement sur la porte qui se trouve être à la verticale de ma tête quand je suis dans le duvet. Sur les parois latérales, l’importance du givre diminue au fur et à mesure que l’on va vers les pieds.

Je ne suis pas allé voir, mais mes amis m’ont dit que dans leur tente, la condensation était aussi énorme.

On voit l’utilité d’avoir des arceaux extérieurs. Ils ne sont ainsi pas soumis au givrage qui peut être source de difficultés de démontage.


En ce qui concerne la fixation de la tente dans la neige, j’ai testé une méthode se rapprochant de celle de sacs remplis de neige. J’ai simplement remplacé les sacs par une bande de tissu. Voir images ci-dessous :

Fixation tente 01 Fixation tente 02
La bande de tissu est fixée en lieu et place dans l’oeillet où on place normalement une sardine. Chaque bande pèse 17 gr et mesure 1 m de circonférence et 16 cm à l’endroit le plus large. J’en utilise quatre pour ma tente.A l’aide d’une pelle à neige, je fais un trou de l’ordre de 60 cm de diamètre dans lequel je place la bande de tissu. Je l’étale, l’ouvre et place quelques morceaux de neige pour la garder en forme, puis, je remplis le tout de neige. Une fois le tout recouvert, je tasse au pied.


La mise en oeuvre est très simple, à mon sens plus simple qu’un sac de neige et c’est plus léger. Le fait de tasser la neige la rend compacte et solide et maintient bien la tente.

Au passage, j’ai acheté une pelle à neige SnowClaw qui pèse 170 g et qu’on voit sur la photo de droite : c’est costaud et très pratique, j’en suis très content.

L’ensemble molletonné

Ensemble C’est le comportement de cet ensemble qui m’intéressait le plus. J’avais juste un tee-shirt et un collant léger en-dessous et, avec mon ensemble, je me suis mis dans mon duvet Warm’n light 800 LAFUMA sur mon matelas auto-gonflable Prolite 3 Regular THERM-A-REST . Eh bien, j’en suis satisfait. Par -13 °C ou -14 °C dans la tente, je n’ai pas eu froid, bien que je pense avoir été un peu en-dessous d’une température dite de confort. Aux températures plus clémentes, ayant chaud, je n’ai pas baigné dans mon jus : l’ensemble via le duvet est bien respirant.

Pour ce qui me concerne, je bouge beaucoup au cours de la nuit. J’allonge, je replie l’une ou les deux jambes, je me tourne ... Si vous faites ces mouvements dans un sac qui n’est pas absolument "étanche" parce que le cordonnet autour des épaules n’est pas ajusté pile poil, cela produit des appels d’air "froids" qui se font un plaisir de vous balayer le corps. Si vous êtes dans un ensemble tel que le mien, vous ne sentez absolument rien ; si vous n’avez pas grand chose sur le corps, bonjour les petits frissons non prévus. Je pense que c’est un réel avantage que d’avoir une forte isolation au plus près du corps.


Un inconvénient toutefois, comme je suis dans un duvet léger, je dois mettre des gants pour dormir ... ou prévoir une extension de mon ensemble pour couvrir les mains, ce qui ne me semble pas judicieux car on doit toujours être en mesure de servir rapidement de ses mains.

La construction de mon ensemble, veste séparable du pantalon par fermeture éclair détachable s’est avérée très efficace pour ses aisances.

Les sur-bottes en tissu imperméable se sont montrées très utiles pour vaquer dans la neige autour du camp bien qu’elles avaient plutôt tendance à me quitter la pied.

Le réchaud et la nourriture

J’avais un réchaud à essence Whisperlite International (MSR) . C’est simple, rudimentaire et ça fonctionne sans problème. Comme on faisait la tambouille à l’extérieur, j’avais placé une bande d’alu autour du réchaud : pas de problème. Un soir le gicleur était bouché, je suppose. J’ai secoué l’engin ; l’aiguille de nettoyage a fait son office : au réallumage, tout est reparti correctement.

Pour 3 personnes sur quatre jours complets, j’ai consommé deux litres d’essence C (170 ml par jour et par personne) pour quotidiennement chauffer (par personne) :

Pour ce qui est de la nourriture, rien de spécial à dire.

Conclusion, évolution

Pour la tente, je vais essayer de trouver des tissus plus légers, améliorer les fixations dans la neige. Je n’ai pas pu tester le tenue au vent.

Pour l’ensemble molletonné, n’étant pas tailleur professionnel, il avait bien des défauts : trop juste autour de la poitrine, le molleton n’est pas resté bien en place partout. Le molleton utilisé, de la ouate synthétique n’est pas hyper performante ; il faut que je trouve mieux.

Comme je l’ai dit plus haut, le fait d’avoir une protection "rapprochée" autorise, dans une certaine mesure, d’avoir un sac pas forcément bien fermé et je prévois donc d’utiliser mon ensemble avec un quilt (que je vais me construire ...).

A suivre donc.

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